lundi 4 avril 2011

L'Asie orientale

1er janvier 2010 : Création d'une zone de libre-échange en Asie


Parmi les nouveautés de ce début d'année, une zone de libre-échange en Asie. Après l'Union Européenne, l'exemple le plus poussé d'intégration, et l'ALENA, la troisième plus importante zone vient d'être créée par les dix pays de l'ASEAN et la Chine.

Qu'est-ce que l'ASEAN ?

Créée pendant la guerre froide, en 1967, pour rassembler les alliés des États-Unis et empêcher le communisme de progresser (selon la fameuse "théorie des dominos"), l'association des nations d'Asie du Sud-Est connaît depuis les années 1990 un nouvel essor. Si elle ne s'interdit pas de traiter de politique, l'association est clairement orientée vers les questions économiques. D'ailleurs, elle rassemble des pays aux systèmes politiques très différents puisque des pays communistes l'ont rejoint (comme le Vietnam). La Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie, Singapour et les Philippines sont ses 5 membres fondateurs en 1967. Le sultanat de Bruneï a rejoint l'ASEAN après son indépendance en 1984. En 1995 et 1997, deux pays officiellement communistes, le Vietnam et le Laos ont adhéré. Puis ce fut le tour de la Birmanie (ou Myanmar) en 1997 et du Cambodgeen 1999.

Que prévoit l'accord de libre-échange ?

Prévue par un traité signé en 2002, une zone de libre-échange est créée. 90% des droits de douanes y sont donc supprimés. Elle doit rassembler dix pays de l'ASEAN et la Chine populaire et inclut 1,9 milliards de personnes. Les échanges commerciaux entre tous ces pays ont déjà connu une augmentation importante, en parallèle et sans doute à cause du développement de l'Asie du Sud-Est. D'ailleurs, elle va faire disparaître des barrières douanières déjà relativement peu élevées (5% pour la plupart).
Pour le moment, seuls six pays de l'ASEAN participent à la zone de libre-échange (Indonésie, Philippines, Thaïlande, Malaisie, Singapour, Brunei). Le Cambodge, le Vietnam, le Laos et le Myanmar (Birmanie), membres plus récents de l'ASEAN, devraient rejoindre la zone d'ici 2015.

Quels seront les effets de cette zone de libre-échange ?

Contrairement à l'Europe et l'Amérique du Nord, la création d'une zone de libre-échange suscite assez peu de critiques. Même si certains, à l'image des industriels du textile en Indonésie, craignent une invasion du Made in China. Les échanges entre l'ASEAN et la Chine sont déjà déficitaires (voir graphique ci-contre, source NYT). La Chine est, après le Japon et l'UE, le troisième partenaire commercial de l'ASEAN, devant les Etats-Unis.
Les effets de cette ouverture devraient varier selon les pays. Singapour, la Malaisie et la Thaïlande ont des échanges légèrement déficitaires. La Malaisie, qui exporte du pétrole, du gaz naturel et du caoutchouc vers la Chine, devrait profiter de l'ouverture du marché chinois. Le Vietnam voit son déficit se creuser, cela pourrait s'aggraver puisque le pays a des productions à faible valeur ajoutée en concurrence directe avec les productions chinoises. D'un autre côté, les pays d'Asie du Sud-Est pourraient concurrencer la production agricole chinoise, en particulier le Cambodge.

Bref, comme partout ailleurs, l'ouverture d'une telle zone de libre-échange devrait renforcer l'intégration régionale, relativement modeste pour le moment, faire des heureux et des laissés-pour-comptes. La mise en concurrence de tous ces espaces très divers crééra sans doute une dynamique positive mais devrait aussi développer certaines inégalités à différentes échelles, entre villes et campagnes, entre espaces bien intégrés à la logique de mondialisation et espaces marginalisés par ce même processus. L'ouverture des économies et des sociétés d'Asie du Sud-Est trouvera donc logiquement ses détracteurs et ses partisans.

La Chine populaire a pris de l'avance dans la région avec la création de cette zone, nul doute que cela va intéresser les autres puissances économiques que sont la Corée du Sud, Taïwan et surtout le Japon.

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