lundi 4 avril 2011

la Somalie

K'Naan : "Somalia" (2009)

Lorsque la Somalie se distingue dans l'actualité, c'est rarement à son avantage. Sont ainsi évoqués la piraterie, en augmentation ces dernières années, la première place du pays auclassement mondial des pays les plus corrompus (devant l'Afghanistan) ou la non-ratification de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant (caractéristique que la Somalie partage avec les États-Unis...).
Au-delà du côté sensationnel, rappelons tout d'abord quelques faits historiques concernant ce pays avant d'écouter le rappeur-slameur K'Naan. (Si vous souhaitez accéder directement à la suite, cliquez sur la partie qui vous intéresse) :


Un pays en miettes

La Somalie a une certaine unité de langue, de culture et de religion (l'islam sunnite, fortement marqué par le soufisme). Des Somalis se trouvent même à Djibouti, au Kenya et en Éthiopie (Ogaden). Les divisions du pays sont donc claniques et non ethniques. Cinq clans familiaux très larges se répartissent sur les territoires peuplés de Somalis. Pourtant, il n'y a jamais d'État unifié avant la colonisation.

Au XIXème siècle, les Égyptiens (qui s'intéressent au "Pays de Punt"), les Éthiopiens et surtout les Italiens, les Français et les Britanniques tentent d'étendre leur domination sur la "Corne de l'Afrique". Les Européens vont se partager cet espace : les Italiens (en s'y reprenant à deux fois, en 1896 où ils connaissent la terrible défaite d'Adoua puis en 1935 avec les grands moyens) obtiennent l'Ethiopie (et avec elle l'Erythrée) et une partie de la Somalie, les Britanniques l'autre partie de la Somalie et les Français le petit territoire qui forme aujourd'hui Djibouti. [Carte ci-contre : La Corne de l'Afrique et le Golfe d'Aden en 1939]

Après la Seconde Guerre mondiale, l'Ethiopie recouvre son indépendance et la Somalie italienne est provisoirement sous tutelle. Elle accède à l'indépendance en 1960 et fusionne avec la Somalie britannique, elle aussi émancipée. Les premières années qui suivent l'indépendance sont plutôt prometteuses pour le pays. Pendant la guerre froide, la Somalie penche d'abord du côté occidental, les États-Unis prenant la place du Royaume-Uni dans le Golfe d'Aden. Le pays a déjà des revendications sur les territoires des pays voisins peuplés de Somalis (Kenya et Ethiopie).

[La Corne de l'Afrique et le Golfe d'Aden en 1970]

1969 Le général Siyad Barré s'empare du pouvoir à Mogadiscio et se tourne vers Moscou. L'URSS installe une base à Berbera sur le Golfe d'Aden, non loin du détroit de Bab El-Mandeb qui commande le passage vers la Mer Rouge. Mais les rivalités avec l'Ethiopie, malgré son entrée dans le camp communiste en 1977 (avec l'arrivée au pouvoir de Mengistu qui chasse le Negus), entraînent une guerre à propos de l'Ogaden en 1977-1978. Le choix de l'Ethiopie par l'URSS précipite la défaite somalienne et fait retomber la Somalie vers le camp occidental dès 1978. Les Soviétiques quittent Berbera pour les îles de Dahlak au large de l'Ethiopie. La base de Berbera est concédée aux États-Unis qui soutiennent désormais le pays. Les tensions et affrontements persistants avec l'Ethiopie (une paix est finalement signée en 1988) poussent vers la Somalie de nombreux réfugiés venus de l'Ogaden. Dans toute la Corne, la famine fait des ravages en 1983-1984. La Somalie, comme l'Ethiopie, n'est pas épargnée.

[La situation géopolitique dans la région en 1980]

Les années 1980 voient donc la situation politique et sociale se dégrader lentement. Les clans tentent de contrôler des parcelles plus importantes de pouvoir, notamment en s'armant. Face aux velléités indépendantistes du Somaliland, où son opposition est bien implantée, Siyad Barré utilise la manière forte. Les tensions s'accumulent et poussent le pays vers la guerre civile. En janvier 1991, Siyad Barré, après une violente résistance dans la capitale, est contraint de s'enfuir. C'est le début d'une longue période d'anarchie pour le pays. Différents clans s'affrontent pour le pouvoir, dont celui de Mohammed Farah Aïdid qui est à la tête de l'État.
Les États-Unis et la communauté internationale, longtemps accaparés par la Guerre du Golfe, décident finalement d'intervenir en décembre 1992. Georges Bush Sr., prédicateur du "nouvel ordre mondial", lance l'opération Restore Hope(restaurer l'espoir) avec près de 30 000 soldats sous mandat de l'ONU. Mais les affrontements ne cessent pas et les milices s'en prennent aux troupes américaines lors de scènes de guérilla urbaine très médiatisées. Des soldats américains sont capturés et mutilés ce qui traumatise l'opinion publique aux États-Unis (c'est le sujet abordé par le film La chute du Faucon Noir de Riddley Scott, 2002). C'est donc l'échec pour cette première intervention faite au nom du "droit d'ingérence humanitaire" qui va dissuader pendant longtemps toute intervention en Somalie. Les troupes américaines sont retirées et la mission de l'ONU (ONISOM) redevient strictement humanitaire même si des casques bleus sont présents jusqu'en 1995.

La Somalie est dès lors morcelée en territoires plus ou moins vastes, contrôlés notamment par des chefs de guerre. Certains de ces territoires comme le Somaliland (autoproclamé indépendant en 1991) et le Puntland (qui a délcaré son autonomie en 1998) deviennent même des États quasi-indépendants qui disposent de tous les attributs de la souveraineté sans toutefois être reconnus par l'ONU. Des accords signés le plus souvent à l'étranger (au Kenya ou à Djibouti notamment) envisagent une sortie de la guerre civile. Un premier Gouvernement fédéral de transition (GFT) a été désigné en 2000 avec à sa tête le dirigeant du Puntland Abdullahi Yusuf. Mais le maintien de l'insécurité à Mogadiscio a empêché qu'il s'installe dans la capitale. L'islamisme rigoriste, pourtant peu en phase avec une pratique soufie de l'islam, a progressé dans le pays pendant les années 1990. En 2006, les milices des Tribunaux islamiques ont pris le pouvoir avant d'être renversées par l'armée éthiopienne qui a réinstallé le GFT au pouvoir en 2007 (avec l'assentiment des Etats-Unis). Mais cette intervention du pays voisin, majoritairement chrétien de surcroît, a entrainé une réaction des nationalistes (encouragés par l'Erythrée), pour une fois d'accord avec les islamistes. Un accord est de nouveau trouvé à Djibouti en 2008 entre le GFT et certains islamistes jugés "modérés" (quitte à être idéalisés), mais qui écarte d'autres mouvements jugés trop extrémistes (et quant à eux diabolisés). En janvier2009, suite à cet accord, l'ancien dirigeant des Tribunaux islamiques Sheikh Sharif Ahmed a été désigné président et les troupes éthipiennes ont quitté le pays. Mais de nombreuses oppositions subsistent, le plus souvent armées comme celle des Shebab (les jeunes en arabe), plus radicaux que leurs prédécesseurs des tribunaux islamiques. Les affrontements continuent, en particulier dans le sud et l'autorité de l'Etat est encore loin d'être reconnue par tous ce qui laisse la place à toutes les aventures. Seul le Somaliland semble échapper à cette anarchie et fonctionner comme un véritable Etat souverain. Les autorités du Puntland sont régulièrement accusées de favoriser la piraterie dont elles tireraient profit.

[Toutes les cartes de cette première partie réalisées par E. Augris, D.R.]


Pourquoi la piraterie ?

La question de la piraterie maritime est revenue sur le devant de la scène depuis 2008 avec l'augmentation des abordages au large de la Somalie. Voyez ci-dessus une image satellite du supertanker saoudien Sirius Star au large des côtes au main de pirates en novembre 2008 [source de l'image].

[Carte des actes de piraterie recensés entre janvier et novembre 2009]

Les actes de piraterie ont en effet considérablement augmenté dans le secteur de la mer d'Oman et du Golfe d'Aden depuis 2005. En nombre d'actes, la zone a ainsi dépassé les zones traditionnelles de piraterie comme le détroit de Malacca, voie de passage stratégique du pétrole du Moyen Orient vers l'Asie orientale entre Indonésie, Malaisie et Singapour où de nombreuses îles constituent des caches très commodes pour les pirates. C'est aussi l'un des axes majeurs du transport maritime de conteneurs entre l'Asie et l'Europe.


Si l'on se rapproche de la Somalie (carte ci-dessus, toujours de janvier à novembre 2009), on voit que l'essentiel des actes se produisent dans le Golfe d'Aden mais aussi dans l'Océan Indien, de plus en plus loin des côtes somaliennes.

Comment expliquer cette augmentation ? Il y a bien sûr la déliquescence de l'Etat somalien depuis 1991 que je viens d'évoquer. Cette situation ne s'est pas améliorée avec la partition de fait du pays. Seul le Somaliland parvient à empêcher la piraterie depuis ses côtes. Par contre, les autorités de la province autonome du Puntland ne la dissuadent pas et semblent au contraire l'encourager. A cette absence d'autorité de l'État s'ajoutent des difficultés économiques et sociales qui apparaissent comme des facteurs déclenchant. La pêche a toujours été une activité importante pour les habitants des côtes somaliennes. A la fin de la période Siyad Barré, les entreprises de pêche industrielle des pays développés se sont accaparées les zones de pêche somaliennes, le plus souvent avec l'accord d'autorités y voyant un moyen de s'enrichir. Les pêcheurs somaliens n'ont pas eu le moyen de lutter contre cette concurrence des navires-usines. Leur connaissance de la mer les a alors parfois poussé vers la piraterie. Éric Frecon (voir sources) estime que les gains des compagnies occidentales se sont élevés à 300 millions de $ en 2008 (contre une estimation de 100 millions pour les rançons obtenues par les pirates). Le port d'Eyl, aujourd'hui l'une des principales bases des pirates, était auparavant l'un des principaux ports de pêche. La piraterie est donc devenue une opportunité intéressante pour ceux qui ne souhaitaient pas émigrer vers les côtes du Yémen où se multiplient les camps de réfugiés somaliens. En 2008, 700 personnes sont mortes en tentant de traverser le Golfe d'Aden soit 700 fois plus que le nombre de morts causés par la piraterie...
Autre évènement aggravant, le Tsunami de 2004 qui a également touché les côtes somaliennes, en particulier les pêcheurs et leurs bateaux. Il faut ajouter à cela la forte probabilité (soulignée par K'Naan) que de nombreux navires occidentaux viennent abandonner leurs déchets toxiques (nucléaires en particulier) dans les eaux territoriales somaliennes, suscitant des réactions violentes de la part des pêcheurs, décidés à s'armer pour l'empêcher.
Concernant les liens supposés avec le terrorisme islamiste, Alain Gascon (voir sources) écrit que "les pirates sont moins des émules de Ben Laden que des pêcheurs ruinés par la guerre et par le pillage de leur ressource".

Il convient donc évidemment de lutter contre la piraterie qui relève de la criminalité, mais sans perdre de vue qu'elle ne disparaîtra qu'une fois améliorées les conditions politiques, économiques et sociales qui ont conduit de plus en plus de jeunes Somaliens à se tourner vers elle.


Un "philosophe aux pieds-nus" pour comprendre


Mais place à la musique. Si j'ai choisi de vous parler de la Somalie, c'est parce que c'est le pays d'origine du rappeur K'Naan. Retraçons son parcours.
Keynaan Cabdi Warsame est né en 1978 dans le quartier putôt tranquille de Wardhiigleey àMogadiscio, la capitale somalienne. Son prénom signifie "voyageur". Sur son berceau, les muses se sont tôt penchées puisque son grand-père est poète, qu'une de ses tantes,Magool, est une chanteuse connue dans le pays. Il grandit pendant les années 1980 dans une relative insouciance. Mais la dégradation de la situation politique, au début des années 1990, fait de son quartier une "rivière de sang". La guerre devient son quotidien. Son père est déjà à New York comme chauffeur de taxi lorsque sa mère réussit à obtenir des visas pour sa famille, juste avant la fermeture de l'ambassade des Etats-Unis en Somalie. Kaynaan fuit donc son pays en 1991. La famille s'installe à Harlem puis ensuite à Torontoau Canada, dans la "Liitle Mogadiscio" du quartier de Dixon où vivent 25 000 Somaliens. Il apprend l'anglais et découvre le rap auquel il trouve des points communs avec la poésie orale somalienne qui l'a très tôt bercé. A Toronto, il fait partie d'un gang et tâte même de la prison pour violences et détention d'armes. Mais le hip-hop est pour lui une planche de salut.
En 1999, il est engagé par le HCR et participe à un spectacle. En utilisant le slam, il critique la politique de l'ONU en Somalie. Il est repéré par le chanteur sénégalais Yousssou N'Dour qui le fait participer à une tournée. De fil en aiguille, il en arrive à la production de son premier album qui le consacre "philosophe aux pieds-nus", The Dusty Foot Philosopher en 2005. L'album est un succès. Il récidive en 2009 avec Troubadour pour lequel il a travaillé avec les fils de Bob Marley, Damian et Steven. Par sa musique, il mêle le hip-hop et des sonorités peu communes parce qu'influencées par son enfance somalienne. Dans son albumTroubadour, il sample également beaucoup des mélodies éthiopiennes des années 1970, (Mulatu Astatke, Alemayehu Eshete, Getatchew Mekurya) au moment de la libéralisation relative du régime du Négus, avant que le "Negus rouge" Mengistu ne referme la parenthèse à partir de 1974 (pour écouter ces musiques, je vous conseille la superbe série de rééditions "Ethiopiques" pilotée par Francis Falceto pour Buda musique). Par ses paroles, il invite à la compréhension de la complexité du monde, en particulier de son pays d'origine, la Somalie. Un peu à contre-courant du sensationnalisme des médias et de la célébration des héros américains libérés des pirates, il invite alors régulièrement les sociétés occidentales à ne pas occulter les racines du mal qui conduisent des pêcheurs à devenir pirates. Il parle ainsi dans de nombreux entretiens des origines de la piraterie en Somalie. Pour lui, les pêcheurs, privés de leur poisson et voyant des bateaux jeter en mer des cargaisons de déchets toxiques, ont d'abord voulu se défendre. Il souhaite que, pour mettre fin à la piraterie la lutte contre la pauvreté devienne une priorité et pas seulement l'utilisation de la force. Dans sa chanson "Somalia" (comme dans beaucoup d'autres, voyez une sélection à la fin de cet article), il invite à cette réflexion en décrivant la dureté des conditions de survie des jeunes Somaliens.

Signalons pour terminer sur K'Naan qu'il a récemment fait un featuring sur un titre d'Oxmo Puccino ("L'arme de paix") et qu'il vient de sortir une mixtape (téléchargeable gratuitement et légalement ici) avec Jay Period dans laquelle il rend hommage à Fela Kuti, Bob Marley et Bob Dylan. K'Naan devrait voir accroître sa renommée d'ici juin 2010. Son titre "Wavin' Flag" vient d'être choisi comme hymne officiel de la Coupe du Monde (info fournie par J.B.).




J'ai essayé de bricoler une traduction dont je ne suis pas pleinement satisfait, n'hésitez pas à me faire des suggestions :

Uh,
Yeah,
Somalia

Yeah,
I spit it for my block, Je le débite pour mon quartier
It's an ode, I admit it. C'est une ode, je l'avoue
Here the city code is lock and load Ici le code postal est tiens-toi prêt (lock & load : référence au fait de charger et de verouiller une arme)
Any minute is rock and roll chaque minute est rock n' roll
And you rock and roll, et tu bouges et roule
And feel your soul leavin'. Et sent ton âme partir
It's just the wrong dance C'est juste la mauvais danse
That'll leave you not breathin'. Qui ne va pas te laisser respirer
I'm not particularly proud Je ne suis pas particulièrement fier
Of this predicament but, de cette situation difficile mais
I'm born and bred Je suis né et j'ai grandi
In this tenement, I'm sentimental, What?! Dans ce taudis, Je suis sentimental, Quoi ?!
Plus it's only right to represent my hood Et en plus, c'est bien de représenter mon quartier
And what not. Et pourquoi pas [?]
So I'm about to do it in the music; in the movies. Donc je vais le faire en musique; dans les films.
Cut to the chase pan across to the face [?]
I'm right there. Je suis juste là-bas
Freeze frame on the street name Arrête le cadrage sur le nom de la rue
Oops wait a minute, Oups, attends une minute
This is where the streets have no name Ici les rues n'ont pas de nom
And the drain of sewage. Ni de canalisations d'eaux usées.
You can see it in this boy how the hate is brewin' Tu peux voir dans ce garçon comment la haine se mijote
Cause when his tummy tucks in Parce que lorsque son estomac se remplit
f**k the pain is fluid. Putain la douleur est liquide
So what difference does it make, Alors quelle différence cela fait-il
Entertaining threw it. L'amusement l'a jeté à terre
Some get high mixing coke and gun powder, sniffin'. Quelques uns s'envoient en l'air en mélangeant de la coke et de la poudre de revolver
She got a gun but could have been a model or physician. Elle a eu une arme mais aurait pu devenir mannequin ou médecin

So what you know bout the pirates terrorize the ocean. Donc ce que tu sais à propos des pirates que terrorisent les océans
To never know a simple day without a big commotion. Pour ne pas connaître un seul jour sans une grande agitation
It can't be healthy just to live with a such steep emotion. Cela ne peux pas être sain de vivre simplement pour vivre avec une émotion aussi forte
And when I try and sleep, I see coffins closin'. (Repeat) Et quand j'essaie et que je m'endors, Je vois des cercueils se fermer.

Yeah,
Yeah,
We used to take barb wire Nous avions l'habitude de prendre des fils de fer barbelés
Mold them around discarded bike tires. De les façonner autour de pneus de vélos abandonnés
Roll' em down the hill in foot blazin'. De les faire rouler en feu en bas de la pente, à pied
Now that was our version of mountain bike racing C'était notre version de la course de VTT
Daammn! Mince !
Do you see why it's amazing, Tu vois pourquoi c'est sensationnel,
When someone comes out of such a dire situation Lorsque quelqu'un réussit à se sortir d'une situation aussi terrible
And learns the English language, Et apprend l'anglais
Just to share his observation! Juste pour faire partager cette observation !
Probably get a Grammy without a grammar education. Réussit peut être à obtenir un Grammy [récompense musicale] sans éducation primaire [jeu de mot avec "grammar education" et grammy]
So f**k you school and f**k you immigration! Alors va te faire foutre l'école et va te faire foutre l'immigration ! [Probablement les services de l'immigration]
And all of you who thought I wouldn't amount to constipation. Et tous ceux d'entre vous qui pensaient que je n'atteindrai pas la constipation. [?]
And now I'm here without the slightest fear and preservation, Et maintenant je suis ici sans la plus moindre crainte ni conservation [?]
They love me in the slums and in the native reservations. Ils m'aiment dans les bidonvilles et dans les réserves d'indigènes
The world is a ghetto with ministerin' deprivation. Le monde est un ghetto avec une privation secourante [?]
My mommy didn't raise no fool did she hooyo? Ma maman a pas élevé d'imbécile, n'est-ce pas ?
I promise I would get it and remain strictly loyal. Je promets que je m'y tiendrais et resterais strictement loyal.
Cause when they get it then they let it all switch and spoil. Parce que lorsqu'ils l'attrappent ils le laissent changé et dépouillé
But I just illuminated it like kitchen foil. Mais je l'ai simplement illuminé comme du papier aluminium
A lot of main stream niggas is yappin' about yappin' Beaucoup de niggas communs jacassent pour jacasser
A lot of underground niggas is rappin' about rappin'. Beaucoup de niggas underground rappent pour rapper
I just wanna tell you what's really crackalackan Je veux juste vous dire ce qui se passe réellement
Before the tears came down this is what happened. Avant que les larmes ne coulent, voici ce qui est arrivé

So what you know bout the pirates terrorize the ocean. Donc ce que tu sais à propos des pirates que terrorisent les océans
To never know a simple day without a big commotion. Pour ne pas connaître un seul jour sans une grande agitation
It can't be healthy just to live with a such steep emotion. Cela ne peux pas être sain de vivre simplement pour vivre avec une émotion aussi forte
And when I try and sleep, I see coffins closin'. (Repeat) Et quand j'essaie et que je m'endors, Je vois des cercueils se fermer.



Murs et frontières entre hier et aujourd'hui



Sujets épreuves du bac 2010

Surprise ! En 2010, la partie "majeure" de l'épreuve d'histoire-géo du bac était partagée, histoire pour les L/ES, géo pour les S. Voici les sujets sur lesquels ont planché les lycéens des sections générales pendant 4 heures ce matin...

Séries L et ES

Epreuve majeure, Histoire

Il fallait traiter l'un de ces trois sujets au choix.

- Composition : « Le Tiers-Monde : indépendances et tentatives d’organisation (1945-fin des années 1980) »

- Composition :« Les démocraties populaires et leurs évolutions (1948-1989) »

- Etude d'un ensemble documentaire : « Comment ont évolué les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France depuis 1945 ? »

Etudes de documents, Géographie

Il fallait expliquer l'un de ces deux documents au choix, à partir de questions associées à chaque document.

Document 1 : Croquis : « L’organisation de l’Europe rhénane »

Document 2 : « La Russie : un territoire inégalement peuplé et mis en valeur »

Série S

Epreuve majeure, Géographie

Il fallait traiter l'un de ces trois sujets au choix.

- Composition : « La superpuissance des Etats-Unis et ses manifestations dans l’espace mondial »

- Composition : « La mégalopole japonaise »

- Etude d'un ensemble documentaire : « L’interface méditerranéenne : quels effets sur les littoraux des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM) ? »

Etudes de documents, Histoire

Il fallait expliquer l'un de ces deux documents au choix, à partir de questions associées à chaque document.

Document 1 : « Une analyse de la situation internationale de 1945 à 1985 »

Document 2 : « Analyse d'un publicité du comité économique et social du Centre-Ouest (CESCO), 1962-1963 »

Découvrez tout de suite les sujets sur lequels les candidats de STG ont planché...

PREMIÈRE PARTIE

Questions d’histoire
1 ) Les cinq événements indiqués ci-dessous se rapportent tous à la période du monde
bipolaire. Donnez l'année de quatre d'entre eux. (2 points)
- création des deux Allemagne
- effondrement du mur de Berlin
- doctrine Truman
- éclatement de l'URSS
- plan Marshall.
2 ) Citez deux acteurs du pouvoir législatif en France sous la cinquième République.
(2 points)
3 ) Complétez la légende de la carte en annexe page 9/9. (1 point)
Questions de géographie
4 ) Caractérisez les flux migratoires dans l'espace mondial. (2 points)
5 ) Proposez une définition de la notion de pôle. (1 point)
6 ) « La permanence des aires de civilisation est un acteur de différenciation de l'espace
mondial. »
Choisissez deux arguments pour justifier cette affirmation : (2 points)
- l'anglais est la première langue de communication
- les grandes entreprises multinationales doivent adapter leurs produits aux goûts
des différentes populations
- le football est pratiqué dans le monde entier
- des milliers de langues sont parlées dans le monde

- toutes les agglomérations du monde ont des quartiers d'affaires identiques.

SECONDE PARTIE

Exercice n° 1 : sujet d’étude : La santé
Questions :
1 ) Quels regroupements d’Etats peut-on établir au regard de l’espérance de vie ?
2 ) Quelles sont, d'après le document, les caractéristiques des Etats les plus développés ?
3 ) Quels éléments du tableau permettent d'expliquer la faiblesse de l’espérance de vie en
Afrique australe (Afrique du Sud, Botswana, Zambie, Zimbabwe) ?
4 ) Montrez, à l'aide des données du tableau, que la mortalité infantile des différents Etats
est liée aux conditions sanitaires des populations.
5 ) Pourquoi peut-on dire que la santé est révélatrice des différences de développement ?


Exercice n° 2 : sujet d’étude : L’éducation.
Questions :
1 ) Présentez de manière précise les deux documents.
2 ) Quelles sont les principales inégalités en termes d’analphabétisme entre les pays du
bassin méditerranéen ? (document 1)
3 ) Identifiez les acteurs intervenant dans la lutte contre l’illettrisme. (document 2)
4 ) Analysez la situation de la France en matière d'analphabétisme et d'illettrisme en justifiant
votre réponse. (documents 1 et 2)
5 ) Montrez que l'éducation est un enjeu du développement.

Exercice n° 3 : sujet d’étude : L’Algérie à partir de 1954
Questions :
1 ) Présentez le document (nature, auteur, date et contexte).
2 ) Quels objectifs Boumediene espère-t-il atteindre ?
3 ) Relevez les moyens évoqués pour parvenir à ces objectifs.
4 ) Expliquez la phrase soulignée.
5 ) En quoi ce document permet-il d’illustrer les choix de l’Algérie en matière de
développement ?

Exercice n° 4 : sujet d’étude : L’Inde à partir de 1947
Questions
1 ) Dégagez les caractéristiques de la politique économique menée par Nehru. (document 1)
2 ) Relevez dans le document 2 un élément montrant l’intégration de l’Inde dans la
mondialisation.
3 ) Expliquez la phrase soulignée dans le document 1 à l’aide du document 2.
4 ) Quelles sont les limites des politiques de développement menées en Inde .
(documents 1 et 2)
5 ) Montrez en quoi ces deux documents illustrent l’évolution des choix de l’Inde en
matière de politique de développement depuis les années 1950. (documents 1 et 2)


sujets de Pondichéry 2010

http://pedagogie.ac-toulouse.fr/lyc-francais-pondichery/espaceprofs/sujetbac/Bacpondy2010/index.html

L'ALENA

L'Accord de Libre Echange Nord Américain (ou North American Free Trade Exchange) a marqué la naissance d'une zone de libre échange commerciale entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Ce traité, signé en 1992 et rentré en vigueur le 1er janvier 1994 devait être le début d'un projet plus vaste visant à créer un large espace commercial sur l' ensemble du continent américain pour concurrencer l'Union Européenne qui à cette époque s'affirmait avec le traité de Maastricht.



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Ce traité de libre échange s'inspire d'un accord déjà existant depuis 1989 entre le Canada et les Etats-Unis. Par contre, contrairement aux institutions européennes, il est purement commercial et ne vise aucunement à créer un pouvoir politique ou des lois communes en dehors d'accords marchands. Il s'agit en fait ici de faciliter les échanges et d'éviter les litiges économiques entre les trois pays.

L'article 102 de l'ALENA pose les principes suivants entre les Parties c'est à dire les pays concernés:

" Les objectifs du présent accord,(...) sont les suivants :

a) éliminer les obstacles au commerce des produits et des services entre les territoires des Parties et faciliter le mouvement transfrontalier de ces produits et services;

b) favoriser la concurrence loyale dans la zone de libre-échange;

c) augmenter substantiellement les possibilités d'investissement sur les territoires des Parties;

d) assurer de façon efficace et suffisante la protection et le respect des droits de propriété intellectuelle sur le territoire de chacune des Parties;

e) établir des procédures efficaces pour la mise en oeuvre et l'application du présent accord, pour son administration conjointe et pour le règlement des différends; et

f) créer le cadre d'une coopération trilatérale, régionale et multilatérale plus poussée afin d'accroître et d'élargir les avantages découlant du présent accord. "

Les trois pays membres ont ainsi demantelé leurs barrières économiques au nom du libre échange en supprimant les droits de douanes et en clarifiant et harmonisant leur droit commercial. Par contre, contrairement à l'Europe, la libre circulation ne s'applique qu'aux marchandises, pas aux personnes. S'il n'y a plus de séparation physique entre le Canada et les Etats-Unis qui ont le même niveau de vie, la frontière n'a cessée de se renforcer avec le Mexique, pays du Sud, pour empécher une immigration massive.

De nombreuses entreprises américaines ou canadiennes se sont délocalisées à la frontière mexicaine pour profiter d'une main d'oeuvre bon marché dans ce qu'on appelle les usines "maquiladoras". Des usines de montage destinées au marché des pays riches mais profitant d'ouvriers "latinos" en moyenne sept fois moins chers que leurs homologues "gringos".

TopTradingPartners.gifLa croissance économique a été forte pour toute la région et les trois pays en ont largement profité pour doper leurs échanges. Des échanges qui atteignent 946 milliards de dollars en 2008 soit un triplement depuis 1994.Comme on le voit sur ce graphique des partenaires économiques des Etats-Unis en 2004, le Canada et le Mexique représentent 30% du commerce. Le Mexique lui même a globalement profité de ces emplois nouveaux et de l'afflux d'investissements venus du Nord et a vu son économie s'accroître considérablement. Face à la constitution de grands ensembles économiques, comme l' Union Européenne ou l' ASEAN, c'est aussi le moyen pour les pays américains de ne pas se retrouver isolés dans la compétition économique internationale.

Mais de nombreuses critiques sont aussi venues remettre en cause ce projet. D'abord il n'est qu'économique. On est encore loin de voir la frontière Sud des Etats-Unis s'ouvrir aux flots de migrants qui rêvent de tenter leur chance au delà du Rio Grande (ou Rio Bravo comme on dit au Mexique). On a même vu le mur de séparation à la frontière et les "border patrols" se renforcer. Les camions passent, pas les hommes (en tout cas dans le sens Sud-Nord) comme le
chante Lila Downs.

laborday.gifL'enrichissement n'a pas profité à tout le monde que ce soit au Mexique ou aux Etats-Unis et a surtout été bénéfique pour les dirigeants et les actionnaires. On a même vu se créer une compétition aux bas salaires entre les villes mexicaines pour attirer les sociétés du Nord.Les petits paysans et artisans mexicains n'ont pas pu résister à l'arrivée à bas prix des produits agricoles étatsuniens et canadiens et ont été ruinés. Aux Etats-Unis et au Canada, les pertes ont été grandes pour l'emploi industriel,en effet de nombreuses entreprises en ont profité pour se délocaliser au Mexique mettant du monde au chômage. Une question qui revient régulièrement lors des campagnes électorales. L'un des paradoxes de ce système fait qu'au final les Etats-Unis importent plus qu'ils n'exportent du Canada et du Mexique aggravant leur déficit commercial. Mais un déficit apparent car si les produits sont fabriqués au Mexique, ils appartiennent à des entreprises américaines. Dernier reproche majeur de nombreuses entreprises polluantes ont profité d'une législation beaucoup moins contraignante sur les normes anti pollution au Mexique et s'y sont installées pour polluer tranquillement. (image :"Usine américaine. Sur l'affiche : Fête du travail : cette année le pique-nique aura lieu au Mexique où votre boulot est parti")

En fait si globalement l'ALENA a été très positif économiquement, il a aussi amplifié les inégalités sociales au Mexique ainsi que sa dépendance notamment financière auprès des Etats-Unis. Les heurts de la crise de 2008 ont touché par contrecoup l'économie du Mexique qui a vu son chômage bondir.

Carte1mDans la foulée, les Etats-Unis ont essayé d'initier la ZLEA (Zone de Libre Echange des Amériques), cette fois ci étendu sur tout le continent de "l'Alaska à la Terre de Feu" selon l'expression du président George H. Bush (le père) au début des années 90. Malgré les appels du pied des Etats-Unis, les autres pays d'Amérique Latine ne sont pas très enthousiastes à l'idée de rejoindre un hypothétique marché commun américain sur le modèle de l'ALENA. Il existe déjà d'autres accords de ce type en Amérique dont le principal, initié par le Brésil et l'Argentine, s'appelle le MERCOSUR, qui vise à une plus grande coopération sur le modèle européen et se méfie des ambitions américaines. La ZLEA qui devait démarrer en 2005 est restée au point mort et se heurte à la méfiance des grands pays d'Amérique du Sud. Un projet mort et enterré a même déclaré le premier ministre canadien Stephen Harper en mai 2009.



Pour compléter :

Le site officiel Alenaaujourd'hui.org produit par les trois pays signataires vante les réussites de cet accord.

Le site officiel du secrétariat de l'ALENA (en trois langues, anglais, espagnol et, Canada oblige, en français.). Intéressant avec notamment de nombreux textes expliquant le fonctionnement de cette association mais un peu aride à parcourir.

Un article du journal proche des altermondialistes "Le Monde Diplomatique" qui dénonce
les effets destructeurs de l'ALENA sur les petits paysans mexicains.

Un dossier très riche d'Etienne Augris sur la frontière américano-méxicaine

Sur le Mercosur, le très riche Atlas du Mercosur en ligne qui détaille ce projet dont nous reparlerons ici bientôt.

nafta cartoon
(Caricature anti ALENA :
Au centre: société américaine qui tient dans ses mains l'ALENA et l'
OMC (WTO): "Enfin le libre échange, enfin le libre échange, merci Dieu tout puissant nous avons le libre échange"
A gauche : travailleurs américains : licenciement massifs, disparition des droits des travailleurs"
A droite: travailleurs étrangers: "payes d'esclaves, pas de droits du travail")

L'Asie orientale

1er janvier 2010 : Création d'une zone de libre-échange en Asie


Parmi les nouveautés de ce début d'année, une zone de libre-échange en Asie. Après l'Union Européenne, l'exemple le plus poussé d'intégration, et l'ALENA, la troisième plus importante zone vient d'être créée par les dix pays de l'ASEAN et la Chine.

Qu'est-ce que l'ASEAN ?

Créée pendant la guerre froide, en 1967, pour rassembler les alliés des États-Unis et empêcher le communisme de progresser (selon la fameuse "théorie des dominos"), l'association des nations d'Asie du Sud-Est connaît depuis les années 1990 un nouvel essor. Si elle ne s'interdit pas de traiter de politique, l'association est clairement orientée vers les questions économiques. D'ailleurs, elle rassemble des pays aux systèmes politiques très différents puisque des pays communistes l'ont rejoint (comme le Vietnam). La Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie, Singapour et les Philippines sont ses 5 membres fondateurs en 1967. Le sultanat de Bruneï a rejoint l'ASEAN après son indépendance en 1984. En 1995 et 1997, deux pays officiellement communistes, le Vietnam et le Laos ont adhéré. Puis ce fut le tour de la Birmanie (ou Myanmar) en 1997 et du Cambodgeen 1999.

Que prévoit l'accord de libre-échange ?

Prévue par un traité signé en 2002, une zone de libre-échange est créée. 90% des droits de douanes y sont donc supprimés. Elle doit rassembler dix pays de l'ASEAN et la Chine populaire et inclut 1,9 milliards de personnes. Les échanges commerciaux entre tous ces pays ont déjà connu une augmentation importante, en parallèle et sans doute à cause du développement de l'Asie du Sud-Est. D'ailleurs, elle va faire disparaître des barrières douanières déjà relativement peu élevées (5% pour la plupart).
Pour le moment, seuls six pays de l'ASEAN participent à la zone de libre-échange (Indonésie, Philippines, Thaïlande, Malaisie, Singapour, Brunei). Le Cambodge, le Vietnam, le Laos et le Myanmar (Birmanie), membres plus récents de l'ASEAN, devraient rejoindre la zone d'ici 2015.

Quels seront les effets de cette zone de libre-échange ?

Contrairement à l'Europe et l'Amérique du Nord, la création d'une zone de libre-échange suscite assez peu de critiques. Même si certains, à l'image des industriels du textile en Indonésie, craignent une invasion du Made in China. Les échanges entre l'ASEAN et la Chine sont déjà déficitaires (voir graphique ci-contre, source NYT). La Chine est, après le Japon et l'UE, le troisième partenaire commercial de l'ASEAN, devant les Etats-Unis.
Les effets de cette ouverture devraient varier selon les pays. Singapour, la Malaisie et la Thaïlande ont des échanges légèrement déficitaires. La Malaisie, qui exporte du pétrole, du gaz naturel et du caoutchouc vers la Chine, devrait profiter de l'ouverture du marché chinois. Le Vietnam voit son déficit se creuser, cela pourrait s'aggraver puisque le pays a des productions à faible valeur ajoutée en concurrence directe avec les productions chinoises. D'un autre côté, les pays d'Asie du Sud-Est pourraient concurrencer la production agricole chinoise, en particulier le Cambodge.

Bref, comme partout ailleurs, l'ouverture d'une telle zone de libre-échange devrait renforcer l'intégration régionale, relativement modeste pour le moment, faire des heureux et des laissés-pour-comptes. La mise en concurrence de tous ces espaces très divers crééra sans doute une dynamique positive mais devrait aussi développer certaines inégalités à différentes échelles, entre villes et campagnes, entre espaces bien intégrés à la logique de mondialisation et espaces marginalisés par ce même processus. L'ouverture des économies et des sociétés d'Asie du Sud-Est trouvera donc logiquement ses détracteurs et ses partisans.

La Chine populaire a pris de l'avance dans la région avec la création de cette zone, nul doute que cela va intéresser les autres puissances économiques que sont la Corée du Sud, Taïwan et surtout le Japon.